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LES ÉTATS GÉNÉRAUX DU BARREAU DU MALI

Du 26 au 27 juillet 2023, se sont tenus à Bamako les premiers états généraux du Barreau du Mali pour faire un état des lieux de la situation des Avocats et faire des propositions pertinentes de solutions.

Aux termes d’un constat général, il y a un décalage entre ce que la justice devrait être et la représentation que l’opinion publique s’en fait.

La justice est une science humaine et sociale qui éclaire et façonne l’organisation de la vie en société.

Au Mali, elle, parlant de l’institution, a perdu au fur et à mesure assez de crédibilité auprès du peuple au nom duquel elle est pourtant rendue.

Ses acteurs, parmi lesquels les Avocats, sont pointés du doigt par les acteurs publics, les médias, les citoyens.

Une méconnaissance et une incompréhension sans doute, qui entretiennent une image négative de la famille judiciaire, peuvent expliquer en partie cet éloignement de la justice ou sa décrédibilisation.

L’Ordre des Avocats du Mali, sous l’égide de monsieur le Bâtonnier, Ousmane Bouba TRAORE a décidé de la convocation des états généraux du Barreau du Mali pour discuter et réfléchir, sans tabou, sur les maux que traverse la profession d’Avocat au Mali.

C’est ainsi que dans sa lettre circulaire n°003/BAT/OAM/OBT/ 03/04/2023 qui précisait les contours des missions du Conseil de l’Ordre et ceux des plans d’actions envisagés pour améliorer le travail ordinal et écrire une nouvelle page de l’histoire de la profession d’Avocat, monsieur le Bâtonnier annonçait la tenue des états généraux en fin juillet 2023.

Il s’est appuyé bien évidemment sur les acquis de ses honorables devanciers car déjà, une consultation intitulée « questionnaire Etats Généraux du Barreau du Mali » a été adressée à l’ensemble des Avocats pour recueillir les réponses, susciter leur réflexion, pour qu’ensemble nous parvenons à la gouvernance la mieux aboutie possible de notre Ordre professionnel.

Les thèmes qui ont été proposés pour l’autodiagnostique sont les suivants :

I. La profession d’Avocat au Mali,
II. La concurrence/l’environnement professionnel,
III. Les clients,
IV. Les partenaires/les prescripteurs,
V. Les acquis du Barreau du Mali,
VI. Les valeurs,
VII. L’avenir de la profession d’Avocat au Mali.

Et chaque Avocat devait répondre à moins 45 questions :
Cette opération, à l’initiative du Bâtonnier Moustapha S M CISSE, et piloté par Maîtres Ousmane Bouba TRAORE, actuel Bâtonnier, Arandane TOURE, Makan DIALLO, Salif COULIBALY, Aboubacar S. DIARRA, Daouda BA, a permis de recueillir de nombreuses réponses et contributions individuelles.

Le résultat de la consultation menée, malgré sa faible mobilisation, a été largement analysé.

Si certains constats ou préconisations ont pu faire l’objet d’un large consensus, d’autres sujets n’ont pas permis de dégager une position commune.

Inspirées par ces données, les concertations préparatoires des travaux des états généraux ont conduit à retenir quatre thématiques :

▪ Une clarification du rôle de l’Avocat, acteur majeur dans la justice, de ce que l’on peut attendre de lui, de ce qu’il peut faire, de ses limites, son évolution au Barreau du Mali, s’est imposée.
Deux thèmes y ont été consacrés à savoir l’historique du Barreau du Mali et les principes essentiels qui gouvernent la profession d’Avocat.

▪ La distribution d’une justice saine étant un pan très important de l’effort constant de développement, il est entendu qu’une réunion, pendant laquelle on débat au sujet d’un acteur majeur dans la justice, où sont entendus différents et d’éminents intervenants, ne peut se faire sans un thème consacré à la justice et corruption.
Le sujet est d’une acuité qu’une analyse objective de la réalité incline tous à dire très honnêtement que les expériences négatives d’interaction avec la justice de notre pays, qu’elles soient ponctuelles ou répétées, accroissent le manque de confiance en l’appareil judiciaire au mauvais fonctionnement duquel, il faut le dire franchement, les Avocats contribuent.
Certes des efforts sont en cours pour redresser la balance et produiront certainement des résultats positifs ; mais en attendant, une ombre est jetée sur toute la famille judiciaire dans son ensemble, sur ses services et sur sa crédibilité. Ce qui aggrave et entretient des suspicions de longue date.
▪ Pour accompagner le développement des pratiques professionnelles innovantes au sein de notre Barreau, il convenait de faire l’état des lieux et des perspectives, pour savoir entre autres le dynamisme du Barreau, le ratio un Avocat pour combien de citoyen, la couverture et l’accès au droit sur toute l’étendue du Mali, la manière dont les cabinets sont constitués, pilotés au Mali, en comparaison avec d’autres et d’ailleurs, le tout avec le souci de mettre le curseur sur la dimension numérique dans leur fonctionnement et leur gestion de tous les jours.
Le monde progresse si vite qu’il est périlleux de se détacher de la technologie. Ainsi connaitre les nouvelles technologies dans le secteur du droit n’est pas une option ; les maîtriser s’impose.

Les états généraux du Barreau du Mali, conçus dans un esprit de consolidation de la profession d’Avocat, ont d’abord vocation à promouvoir la réflexion du plus grand nombre des consœurs et confrères sur des questions qui engagent l’avenir de cette profession dans notre pays.

Cette manifestation inédite est d’abord l’occasion privilégiée de rendre public et de diffuser largement, en toute transparence, sous une forme accessible, les informations nécessaires et utiles au débat.

Il s’agit de permettre à chaque Avocat de se rappeler •l’historique du Barreau du Mali, •les principes essentiels qui régissent la profession d’Avocat qui sont tous au service de la justice et intrinsèquement contre la corruption, •de s’instruire du fonctionnement des cabinets, des difficultés de la profession, de ses progrès effectifs mais aussi d’en déterminer collectivement le chemin à prendre.

La réflexion aboutit inévitablement à des questions suivantes : Qui sommes-nous ? D’où venons-nous ? Quelle est notre direction ?

Ce ne sont pas que des questions techniques dont seuls les Avocats maîtriseraient les termes.

En tout cas, leur résolution détermine la profession d’Avocat, son évolution, son sens et de surcroît la forme de lien social et les modalités du vivre ensemble qu’elle instaure.

Les états généraux reposent sur une confiance dans les vertus de la discussion car le meilleur moyen d’éviter le diktat de l’opinion est de favoriser sa formation, en se donnant le temps d’un questionnement ouvert et d’une réflexion élargie sur les finalités de la profession, définies au regard des valeurs partagées, acceptables et recevables par tout autre.

Son succès dépend donc de notre capacité collective à nous informer, à nous former continuellement et à faire prévaloir les principes essentiels de notre profession au quotidien car discuter le fondement des valeurs auxquelles nous sommes tous attachés en tant qu’Avocat est la condition même de leur vitalité.

C’est en ayant cette méthode à l’esprit que le Conseil de l’Ordre, sous l’égide du Bâtonnier, a conduit les travaux des états généraux du Barreau du Mali.

Les travaux ont consisté en la présentation de chaque thème par d’éminents panélistes qui, au cours des deux journées, ont partagé leur analyse, leur expertise et leur expérience.

Et les échanges, à la suite, ont nourri les travaux.
La méthodologie retenue tient en sept mots : rassembler, rappeler, écouter, débattre, former, décider pour exécuter.

Elle aurait pu être une répartition des thèmes en commission présidée par un Avocat ou un autre expert désigné, et ensuite procéder à la restitution des travaux des différentes commissions en plénière.
Mais un choix a été validé et c’est le cheminement de cette réflexion collective dont ce rapport final a vocation à rendre compte.

Placée sous le thème général de la consolidation de la profession d’Avocat, la cérémonie d’ouverture de la première édition des états généraux du Barreau du Mali s’est tenue le mercredi 26 juillet 2023, à l’Hôtel Méridiana de Bamako (ex-Kempinsky) et était présidée par Monsieur le Premier ministre, chef du Gouvernement du Mali, Dr. Choguel Kokalla Maïga, en présence du Bâtonnier de l’Ordre des Avocats du Mali, Ousmane Bouba TRAORE.

Etaient présents des membres du gouvernement parmi lesquels, il convient de le souligner, le Ministre de la Justice et des Droits de l’Homme, Garde des Sceaux, ainsi que des représentants des Institutions de la République, des membres de la famille judiciaire, de nombreuses autres personnalités et évidemment de nombreux Avocats du Mali.

Il y a un intérêt grandissant pour la chose judiciaire et les critiques sont nombreuses.

Mais il faut faire la distinction entre les critiques et les discrédits en ce que faire le commentaire de la décision de justice ne doit pas choquer mais dénigrer, discréditer, c’est dire diminuer fortement la valeur, le crédit sans preuve et porter atteinte à la réputation des acteurs de la justice est dangereux en fin de compte pour tout le monde car l’institution s’en trouverait affaiblie contrairement à ce que, nous l’espérons, chaque malien souhaite.

Nous souhaitons avoir une institution judiciaire forte qui s’est écoutée, se remettre en cause.

En cela, tous les acteurs de la justice ont leur mot à dire ; chacun doit éviter de dénigrer pour des considérations personnelles.

La tentative d’instrumentaliser la justice, de l’assujettir, de la déstabiliser est toujours présente et nous devons faire attention

En somme, nous devons construire et non détruire !

Les Avocats du Mali, par les présents travaux, voudraient très humblement apporter leur contribution en ce qui concerne surtout leur profession car il est important de savoir se remettre en question pour tendre vers l’idéal de la justice transparente à tout point de vue.

Sous la maitrise de cérémonie de Maître Lalla GAKOU, Avocate et membre du Conseil de l’Ordre a introduit l’évènement par un mot de bienvenue et par la suite, a annoncé le programme qui s’est déroulé conformément aux modalités mises en place par le conseil de l’Ordre.

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